ExLibris VV

Mihail Chemiakin

St. Pétersbourg

Galerie Altmann Carpentier. Paris

Du 27 fevr au 16 avr. 1976


Chemiakin: mystique et tendresse

par Alain Bosquet

Parmi les grands peintres, certains possèdent la lumière; nous éprouvons en Ieur compagnie une sorte de bien-être qui se suffit à lui même: Bonnard par exemple. D’autres ont une invention débordante: Dali dans ses bonnes années, ou le Max Ernst des forêts. Quelques uns s’imposent par le progrès qu’ils font faire â l’art; un Mondrian, voire un Pollock, Parfois, sur un thème ancien, il arrive qu’un peintre apporte un élément nouveau et imprévisible: Ies Christs de Rouault, Ies simples natures mortes de Braque, les intérieurs de Matisse. D’autres enfin valent par la somme des agacements salutaires qu’ils nous occasionnent: Schwitters, le Mathieu dei années 50. Chose curieuse, chaque fois ils satisfont ou bien nos sens ou notre esprit; combien sont capables de satisfaire Ies deux ensemble?

C’est précisément le genre de séduction double qu’exerce sut nous Chemiakin, en particulier depuis sa seconde exposition il y a deux ans. Car, d’emblée, un public fervent et limité l’a compris: nous avons en lui le plus complet et le plus radieux des peintres de moins de trente-cinq ans. Le constater ne saurait nous dispenser d’une interrogation plus minutieuse â son endroit. Que nous donne â voir et â aimer Chemiakin? On peut aborder son oeuvre par l’une quelconque de ses composantes, et aboutir à la même béatitude car c’est en fin de compte â une impression de grâce qu’il faut conclure: la grâce qu’I est élégance et la grâce plus profonde qui draine avec elle une élévation spirituelle.

Les couleurs de ses aquarelles - où l’huile et la gouache peuvent jouer un rôle - sont tantôt unies pour bien marquer l’aspect décisif de la matière; souvent, en revanche, outre les passages destinés â faciliter les transparences, la texture est plus complexe: on dirait une porosité, comme on en rencontre chez les tailleurs de pierres et les sculpteurs désireux de choisir des masses rongées et par conséquent susceptibles plus que d’autres de résister au temps. Les lignes sont ou nerveuses pour bien traduire un tempérament en accord avec ses propres improvisations fulgurantes, ou très douces: au bout de chaque accès d’audace - et ils sont nombreux - il faut qu’une insinuante caresse vienne en contre-point donner l’impression d’une musique conciliante, grave, détendue. Le dessin se permet toutes les innovations imaginables: il n’est jamais violent, et a l’art, parti en gerbe ou en éclat, de revenir de lui-même se refermer: aucune pointe qui ne finisse en ellipse, aucune déchirure qui ne sache se cicatriser, aucune rage du trait qui ne mène à la réflexion.

On peut juger un peintre par sa façon de s’intégrer dans la tradition, c’est-à-dire par son traitement d’un sujet séculaire. Il suffit de voir une "nature morte" de Chemiakin pour être subitement et profondément conquis. Voici, sur une table, un couteau, une bouteille, un morceau de pain, un fruit: quoi de plus banal? Cette banalité, un Zurbaran et un Cézanne ont su la rendre passionnante. Chez Chemiakin, le couteau a une torsion qui suggère le geste le maniant. La table même est la scène d’une action qui doit se deviner, entre le drame el le rêve, la tragédie et la méditation secrète. La bouteille est réelle et irréelle, solide et promise à mille liquéfactions, présente et comme prenant congé. Le morceau de pain a son identité, mais contient celle de tout autre pain: un symbole immuable et enrichi. Le fruit explose et se reconstitue, entre la ressemblance et la métamorphose. Que de trésors dans ce qui est ...

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Êîíñòàíòèí ÊÓÇÜÌÈÍÑÊÈÉ

Ì.Øåìÿêèíó

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ÏÀÐÈÆ 1976 ãîä
 

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1975 ãîä.