Mihail Chemiakin
Carnaval St. Pétersbourd
Galerie Carpentier
Paris 1978
Carnaval de Mihaïl Chemiakin
J’aime I’œuvre de M. Chemiakin.
J’ai vu ses tableaux pour la première fois en 1967. Ils étaient exposés dans le foyer du Conservatoire de Leningrad. C’étaient des toiles éclatantes, riches de couleurs, généralement peintes à I’huile. J’ai vu avec quelle avidité, quelle attention les étudiants du Conservatoire "absorbaient" les tableaux de Chemiakin.
En rentrant à Moscou, je ramenais avec moi des photographies des dessins au crayon que Chemiakin avait fait pour illustrer Dostoïevski.
Plus tard, à Moscou, je regardais maintes et maintes fois ces dessins pour en restaurer les moindres détails dans ma mémoire. Dés ce moment la j’avais déjà compris "la musicalité" de la main du peintre.
Et c’est précisément la raison pour laquelle, lorsque j’ai terminé ici à Paris l’enregistrement de I’Opéra de Tchaïkovski "la Dame de Pique" j’ai demandé à Chemiakin d’en illustrer la pochette.
Je savais que Chemiakin pouvait faire "résonner" le vieux Petersbourg dans son dessin. Et la pochette résonna pour moi de ces couleurs immatérielles de Petersbourg, dont on ne sait si c’est le ciel de l’aube ou celui du crépuscule, un peu mort, dans un éclat froid et fantomatique. Et cette lumière qui tombe sur les choses et sur les hommes les rend aussi d’une transparence argentée.
Une nouvelle exposition de Chemiakin "Les carnavals de Saint-Pétersbourg" vient œ s’ouvrir. J’ai déjà vu quelques tableaux de cette série. Quelle extraordinaire harmonie de formes et de couleurs!
Je suis persuadé que les visiteurs de cette exposition en retireront de nombreuses impressions toutes neuves.
Mstislav Rostropovitch. 1978
Les fantasmagories de Mihaïl Chemiakin
Pour tout grand artiste, dans le plus large sens de ce terme, la vie est un spectacle, un carnaval, une scène sur laquelle se joue une fantasmagorie do l’existence humaine parfois comique mais pour la plupart du temps, tragique.
Les mystères du carnaval constituent le fondement des œuvres les plus importantes de la littérature mondiale, d’Homère, en passant par Cervantès et Dostoïevski jusqu’a Proust, Faulkner et Joyce.
Ces mystères apparaissent de la même façon dans les tragédies antiques ci les mosaïques scéniques de Meïerhold, dans les montages d Eisenstein et les mascarades réalistes de Fellini, dans les fresques religieuses, les cauchemars de Goya et les pénétrantes clowneries de Picasso. Le gala spectacle de notre existence sur cette terre, telle une éclatante spirale, se déroule dans l’infini qui nous est inconnu.
A mon avis, Mihaïl Chemiakin est l’un de ces rares artistes qui voient avec le cœur, à qui il appartient d’incarner dans ses couleurs, encore un mystère multicolore de la vie. L’exposition "Les Carnavals de Saint-Petersbourg" fait justement partie d’un tel mystère.
Je n’ai pas besoin d’analyser les mérites et les défauts de cette exposition, (les œuvres parlent pour elles-mêmes) ou de déterminer la place qu’occupe le peintre dans l’art russe (les spécialistes le feront pour moi); je voudrais seulement exprimer une fois de plus mon inaltérable reconnaissance au grand artiste pour la joie qu’il nous apporte à tous grâce à son œuvre purificatrice.
Vladimir Maximov
Александр ГЛЕЗЕР
И ВОЛАНДА СВОБОДНЕЙ
Михаилу Шемякину
Сегодня день приятней, чем вчера,
А завтра будет лучше, чем сегодня.
А послезавтра, словно кучера,
Напьемся мы. На свете всех свободней
Пойдем бродить по улицам чужим.
По улицам глухим, как ночь пустая,
И проплывет луна полуживая
В объятьях туч, неверных, словно дым.
А ты, волшебник, волхв и фантазер,
Все это набросаешь, нарисуешь,
Переиначишь и переколдуешь,
Поставишь подпись, будто приговор.
Эх, послезавтра, словно кучера,
Напьемся мы. И, Воланда свободней,
Пойдем бродить Парижем до утра -
Святей святых и всех чертей греховней.
Антверпен,
март 1978
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