Le ciel est, ce matin, clair et pur mais cliquette soudain une armure Notre terre est saisie d’un bourdon et les arbres noircis de goudron La fumée s’est dressée telle une croix les cigognes ont déserté tous les toits Les épis sont déjà éclatants mais la récolte sera le néant Quel est donc ce reflet d’or sur les champs c’est le feu qui les dévore, crépitant La malheur a dispersé les oiseaux souverains sur les prés, les corbeaux Poussièreux les arbres sont trop fourbus ceux qui savaient des chansons se sont tus Et l’amour s’est terré dans nos veines ce qu’il nous faut chanter c’est la haine La cendre s’est abattue telle une croix les cigognes ne sont plus sur les toits La forêt gronde et crie sa colère et gémissent encore la nuit et la terre Sans miracles, rien à faire, peine perdue la forêt d’avant-guerre est vaincue Le malheur les a chassées en effroi les cigognes ont déserté tous les toits L’air emporte si souvent tant de sons mais il ne reste à présent qu’un bourdon Les sabots claquent en vain, sourdement et tout cri n’est plus qu’un chuchotement Les cigognes sont parties aux abois ne feront plus leurs nids sur les toits
© Anne-Pénélope Dussault. Traduction, 2002
© Yves Desrosiers. Performance, 2002
© Jaap Mulder. Performance, 2011
© Claude Bouillin. Performance, 2016