J’ai couru à m’en rompre les veines À en crever, j’ai couru, pourtant Ils me traquent toujours, ils me traquent Comme un seul homme, inlassablement. Ils se planquent, tapis dans les ombres Contre les arbres, raides, plaqués Et les loups à la fourrure sombre Sont les cibles des armes braquées. Ils vont abattre tous les loups, ils vont abattre! C’est la chasse aux chasseurs La chasse aux fauves errants Les cris des rabatteurs, la rage des chiens hurlants Les drapeaux rouges, et la neige abreuvée de sang. Ils nous ont entraînés vers leurs trappes Truffé les bois de traquenards Et pour que pas un seul fauve ri échappe Ils ont cerné la forêt d’étendards. Et pas un loup n’osera les braver Aveugles chiots, louveteaux tout petits Dans les tétons des louves on a sucé La peur sacrée des drapeaux interdits. Ils vont abattre tous les loups, ils vont abattre! C’est la chasse aux chasseurs La chasse aux fauves errants Les cris des rabatteurs, la rage des chiens hurlants Les drapeaux rouges, et la neige abreuvée de sang. Crocs acérés, et force dans nos pattes Pourquoi, ô chef, répondez-nous Nous fonçons tout droit vers le massacre Sans tenter de violer le tabou? Et pas un loup n’osera briser la loi Mon heure est arrivée, et le voilà Le fusil que le sort a réservé pour moi Et le chasseur qui épaule déjà. Ils vont abattre tous les loups, ils vont abattre! C’est la chasse aux chasseurs La chasse aux fauves errants Les cris des rabatteurs, la rage des chiens hurlants Les drapeaux rouges, et la neige abreuvée de sang. Oui, j’ai désobéi, transgressé La soif de vivre a éclaté ma peur Et, courant, derrière moi j’ai laissé Les chasseurs et leurs cris de stupeur. J’ai couru à m’en rompre les veines À en crever, mais pas comme hier Ils me traquent toujours, ils me traquent Hais les mains vides et encore derrière. Ils vont abattre tous les loups, ils vont abattre! C’est la chasse aux chasseurs La chasse aux fauves errants Les cris des rabatteurs, la rage des chiens hurlants Les drapeaux rouges, et la neige abreuvée de sang.
© Bïa Krieger. Traduction, ?
© Yves Desrosiers. Performance, 2013
© Areg Nazarian. Performance, 2017