C’est bien ma faute et je verse des larmes
et je geins
Je me suis retrouvé dans une ornière profonde
creusée par autrui
Je me fixais moi-même les buts
à choisir
Et maintenant, voilà, pas moyen de me tirer
de l’ornière
Elle a des bords abrupts, glissants
Cette ornière
Je maudis ceux qui l’ont creusée
Bientôt ma patience sera à bout;
Et je décline comme un cancre
De l’ornière, dans l’ornière, avec l’ornière.
Mais pourquoi est-ce que je me sens mal,
j’ai du culot!
Après tout, les conditions sont normales
dans cette ornière.
Personne pour te rentrer dedans, pour t’accrocher
de quoi tu te plains?
Si tu veux aller de l’avant,
à ton aise!
Nourriture et boisson sont à discrétion
Dans cette bonne petite ornière.
Et je me suis bien vite convaincu
Que je n’y étais pas seul.
Il n’y a qu’à rester comme ça, roue contre roue,
Et j’arriverai là où tout le monde va.
Quelqu’un a crié, hors de lui
- Eh, laisse-moi sortir!
Et il s’est mis à discuter avec l’ornière
par bêtise.
Et dans la discussion il a brûlé toutes ses réserves
de chaleur humaine
Et ses soupapes ont lâché,
et ses coussinets aussi.
Mais il a abîmé les bords de l’ornière
Et l’ornière s’est élargie.
Tout à coup, ses traces disparaissent.
L’andouille, on l’a traîné dans le fossé
Pour qu’il ne puisse pas nous empêcher, nous qui sommes derrière
De passer dans cette ornière creusée par autrui.
Moi aussi, j’ai des malheurs,
mon démarreur coince
C’est plus une vie
ça secoue dans tous les sens!
Il faudrait que je descende, que je pousse
mais je n’en ai pas le courage,
Peut-être que quelqu’un passera
et m’en sortira.
J’attends en vain de l’aide
Cette ornière, c’est un autre qui l’a creusée.
Si je pouvais régler mes comptes en boue et rouille
Avec cette ornière creusée par autrui.
. . .
. . .
Une sueur froide me pénètre
jusqu’aux os
Et j’avance un tout petit peu
sur une planche.
Et je vois que les ruisseaux printaniers ont
aplani le bord
Je peux sortir de l’ornière
je suis sauvé!
Mes pneus crachent de la boue
Dans cette ornière creusée par autrui.
Eh, vous, derrière! Faites comme moi!
C’est-à-dire, ne me suivez pas,
Cette ornière-ci, elle est à moi tout seul,
Pour vous en sortir, creusez-vous la vôtre.
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