La lassitude rampe dans mes os comme une tortue
Mon cœur n’est pas à couteaux tirés avec ma tête claire,
Le souffle ne me manque pas à grande vitesse
Mon sang ne se glace pas dans les virages.
Ma gorge ne se serre pas d’amour
Et mes nerfs ne sont plus tendus, on peut les déchirer.
Mes nerfs pendent comme une corde à linge
Et je ne me demande plus qui aura le dessus, lui ou moi.
Si on me pousse,
je saute à bas
de mon cheval
Je n’ai
plus que des «ne»
et des «pas».
Je ne bois pas d’eau potable à m’en glacer les dents
Je ne hâte pas les événements, ni les gens
Mon arc est jeté là, la corde en est pourrie
Ses flèches sont brisées, j’en allume le feu.
Je ne suis pas tendu, ni zélé, mais planté là
Même les attaques ne sauraient m’inspirer
Ma cervelle n’est pas pleine de toutes sortes de choses
Et les pressentiments ne s’y bousculent pas.
Si on me pousse,
je saute à bas
de mon cheval
Je n’ai
plus que des «ne»
et des «pas».
Je ne recherche pas l’eau vive, la racine de vie,
Je ne cours pas sottement après mon ombre.
Je ne revendique pas, ne lutte pas, ne palpite pas,
Je ne te tente pas d’atteindre la cible.
Que la ceinture soit lâche ou serrée, pau m’importe
Je ne prendrai sûrement pas une balle dans la tâte
Je suis transparent comme une fenêtre ouverte
Et aussi peu coloré qu’une toile de lin.
Si on me pousse,
je saute à bas
de mon cheval
Je n’ai
plus que des «ne»
et des «pas».
Pas de blessures qui m’élancent, ni de cicatrices douloureuses
Elles sont protégées par des pansements stériles.
Ni les pensées, ni les questions ni les rêves
Ne m’émeuvent, me taraudent, me tourmentent.
Que la ceinture soit lâche ou serrée, peu m’importe
Je ne prendrai sûrement pas une balle dans la tête
Je suis transparent comme une fenêtre ouverte
Et aussi peu coloré qu’une toile de lin.
Si on me pousse,
je saute à bas
de mon cheval
Je n’ai
plus que des «ne»
et des «pas».
Je ne recherche pas l’eau vive, la racine de vie.
Je ne cours pas sottement après mon ombre.
Je ne revendique pas, ne lutte pas, ne palpite pas.
Je ne tente pas d’atteindre la cible.
Je suis las de combattre l’attraction terrestre
Je demeure couché, plus loin ainsi de la corde
Et mon coeur bat comme en dehors de moi
Il est temps de partir là où tout est «ne» et «pas».
Si on me pousse,
je saute à bas
de mon cheval
Je n’ai
plus que des «ne»
et des «pas».
|