Je suis en pleine lumière, livré à tous les yeux.
J’ai entrepris la procédure habituelle.
Je suis planté devant le micro comme devant des icônes.
Non, non, aujourd’hui, je suis comme collé à une embrasure.
Et ma tête ne revient pas au micro,
Bien sûr, ma voix, tout le monde peut en avoir marre,
Je sais bien que si je fais une fausse note
Il l’amplifiera impitoyablement.
Les feux de la rampe me frappent sous les côtes
Les lampes m’éclairent méchamment le visage.
Et les projecteurs m’aveuglent sur les côtés
J’étouffe, j’étouffe, j’étouffe.
Cette bête-là, c’est plus fin qu’une lame,
Son oreille est sans reproche, il entend la moindre fausse note
Il se moque pas mal que je ne sois pas en forme,
Il faut que je chante juste.
Aujourd’hui je suis particulièrement enroué,
Mais je ne me risque pas à changer de ton
Car si je prends la tangente
Le micro ne jouera pas les courbes.
Les feux de la rampe me frappent sous les côtes
Les lampes m’éclairent méchamment le visage.
Et les projecteurs m’aveuglent sur les côtés
J’étouffe, j’étouffe, j’étouffe.
Ce micro sur son cou fin
Tourne une tête de serpent.
A peine je me tairai qu’il mordra
Et je dois chanter jusqu’à en être dingue, jusqu’à en crever.
Ne bouge pas, ne remue pas,
J’ai vu le dard, tu es un serpent, je le sais,
Et je suis comme un charmeur
Je ne chante pas, je charme un cobra.
Les feux de la rampe me frappent sous les côtes
Les lampes m’éclairent méchamment le visage.
Et les projecteurs m’aveuglent sur les côtés
J’étouffe, j’étouffe, j’étouffe.
Il est vorace et avide comme un oisillon
Il becquette les sons dans ma bouche
Il me collera neuf grammes de plomb dans le front
Je ne peux lever les bras, ma guitare m’en empêche.
Encore, ça ne finira donc jamais?
Ce qu’est mon micro, qui me le dira?
Maintenant, il est comme une veilleuse près de mon visage
Mais je ne suis pas un saint, et le micro ne luit pas.
Les feux de la rampe me frappent sous les côtes
Les lampes m’éclairent méchamment le visage.
Et les projecteurs m’aveuglent sur les côtés
J’étouffe, j’étouffe, j’étouffe.
Mes mélodies sont plus simples que des cantiques
Mais à peine je déraille
Que l’ombre du micro me cingle
Les joues comme un fouet.
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