Le ciel de ce jour là est clair, Mais maintenant on entend des cliquètements d’armes Et sur notre terre plane un bruit sourd. Les arbres sont pleins de goudron et tout tristes La fumée et la cendre se dressent comme des croix. Les cigognes ne font plus leurs nids sur les toits. Les épis virent déjà à l’ambre, viendrons-nous à temps? Non! Alors, aurions-nous semé en vain? Qu’est-ce qui brille là-bas, roux comme de l’ambre? C’est l’incendie qui s’abat sur le champ. Tout le monde a fui loin du malheur Plus d’oiseaux chanteurs, des corbeaux. Les arbres sont empoussiérés - c’est bientôt l’automne. Ceux qui pouvaient chanter se sont tus. Et l’amour n’est plus pour nous. Est-ce bien vrai Qu’aujourd’hui, ce qu’il faut, c’est la haine? La fumée et la cendre se dressent comme des croix. Les cigognes ne font plus leurs nids sur les toits. La foret bruit comme toujours de tous ses arbres. Et la terre et l’eau gémissent. Mais on ne peut vivre sans miracles - et la forêt Retentit de sons d’avant - guerre. Tout le monde a fui loin du malheur vers l’est. Il n’y a plus d’oiseaux chanteurs - plus de cigognes. L’air conserve des sons variés. Mais à présent ce ne sont que grondements, cliquètements. Même le bruit des sabots est piétinement. Si quelqu’un crie, c’est un chuchotement. Tout le monde a fui loin du malheur vers l’est. Il n’y a plus d’oiseaux chanteurs, plus de cigognes.
1 En Biélorussie les nids de cigognes sont symbole de paix.
 
© Michèle Kahn. Traduction, 1977