Sur les ossuaires, on ne met pas de croix. Les veuves ne viennent pas y verser de larmes On y porte des hoquets de fleurs Et on ranime la flamme. Ici, naguère, la terre se cabrait Et aujourd’hui on peut voir des plaques de granit; Il n’y a pas ici de destin personnel, Tous les destins sont réunis. Et dans la flamme on voit un tank en feu, Des chaumières russes embrasées, Smolensk embrasé, le Reichstag embrasé Et le coeur embrasé d’un soldat. Auprès des ossuaires, pas de veuves en larmes, Ceux qui viennent ici ont les nerfs plus solides. Sur les ossuaires, on ne met pas de croix. Mais le coeur n’en fait pas moins mal.
© Michèle Kahn. Traduction, 1977