Fable â la manière de Boulât Okoudjava
La douce vérité s’en venait, vêtue de beaux atours: Elle s’était ainsi parée en l’honneur de pauvres infirmes simplets. La vile menterie attira la vérité dans son antre: "Reste donc dormir chez moi", lui dit-elle. El ta crédule vente s’endormit paisiblement, Les lèvres humides, souriant dans son sommeil. La menterie rusée prit toute la couverture, S’agrippa à la vérité et se réjouit bien fort. Elle se leva, fit sa gueule de bouledogue et se dit: "Tout à fait quelconque, cette bonne femme, pourquoi en faire un plat? Je ne vois aucune différence entre la vérité et la menterie. A condition bien sûr qu’on soit nues toutes les deux". Elle défit habilement les rubans dorés qui ornaient ses tresses Et saisit ses vêtements: comme taille, ça pourrait aller. Elle pnt son argent, sa montre et ses papiers, Lança une injure, un crachat et fila. Ce n’est qu’au matin que la vérité constata le vol. Elle s’inspecta avec soin et lut tout étonnée: Quelqu’un s’était déjà procuré do la suie Et en avait enduit la pure vérité, mais rien de plus. La vérité se mit à rire quand on lui jeta des pierres. "Tout ça, c’est de la menterie, et la menterie, elle a mis mes habits". Deux infirmes simplets dressèrent procès-verbal El la traitèrent de tous les noms. Ce procès-verbal s’achevait par une tirade vexante (D’ailleurs, on lui colla des affaires où elle n’était pour rien) - Une espèce de traînée se fait passer pour la vérité, Alors qu’elle a bu jusqu’à sa chemise.         La vérité jurait ses grands dieux en sanglotant. Elle erra longtemps, tomba malade, seule; sans argent. La sale menterie s’empara d’un pur sang Qui partit au galop sur ses longues jambes finés.
       
Il y a ui original qui combat toujours pour la vérité Mais dans ses paroles. Il n’y n pas un sou de vrai. Il dit que la vérité Unira par triompher Si elle agit de même que la menterie déclarée. Souvent, on se verse un petit verre par tête de pipe Et on ne sait pas trop où on passera la nuit. On peut se retrouver tout, nu c’est la vérité vraie, les gars. Tu fais pas gaffe et la menterie perfide enfile ton falzar. Tu fais pas gaffe, elle s’approprie ta montre. Tu fais pas gaffe, elle mène ton cheval.
© Michèle Kahn. Traduction, 1977