Je ne vous raconte pas de salades
Je n'en ai même plus la force
Un matin, un peloton entier
M’a tiré dessus à coups de fusil
Pourquoi j’ai mérité us sort
Aussi dur, aussi absurde?
Ce n’est pas que je n’en sache rien
Mais je ne peux le dire.
Mon commandant m’avait presque sauvé
Mais quelqu’un a insisté pour qu’on me fusille
Et le peloton a remarquablement exécuté les ordres
Mais il y en a un qui n’a pas tiré.
J’ai une vraie guigne
Mon destin a pris depuis longtemps un mauvais tour
Un jour j’ai fait un prisonnier
Mois je no j’ai pas ramené
Et ce drôle de type de Soutine
Un gars infatigable
A tout de suite marqué ça
Sur ses tablettes
Et pues il a ressort et amené
Un dossier tout agrafé tout prêt
Et *** n’a rien pu y faire
Saut celui qui n’a pas tiré.
Une main est tombée dans l’abime
Au cri absurde de fou
Et la salve m’a donné un laissez-passer
*** face de la Terre
*** que j’entends : "Il n’est pas mort, le salaud!"
Emmenez-lé à l’infirmerie!
Le règlement n’autorise pas
A fusiller deux fois.
Et après le médecin en claquait de la langue
Et extrayait les balles sans cesser de s’étonner,
Et moi dans mon délire je bavardais en cachette
Avec le gars qui n’avait pas tiré.
Mes blessures, je ne les ai pas soignées,
Je les ai léchées comme un chien
Et pourtant à l’hôpital
J’étais très respecté
Et tout le sexe faible
Etait amoureux de moi.
- Eh toi le rescapé!
Viens que je te fasse ta piqûre.
Notre bataillon se couvrait de gloire en Crimée
Et moi je lui envoyais là-bas du glucose
Pour qu’il puisse mieux se battre
Qui ça? Celui qui n’avait pas tiré.
Je buvais du thé à la soucoupe
Quelquefois même avec de l’alcool
Bref je m’en suis tiré
Et je suis reparti finir la guerre.
On m’a envoyé dans mon régiment
"Bats-toi", m’a dit le commandant.
J’étais très content, mais assis sur une souche
J’ai hurlé comme une bête et maudit le sort:
Un tireur allemand m’avait achevé
En tuant celui qui n’avait pas tiré.
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