Comment se passera cette journée, quelle en sera la couleur? L’air est abrupt et sent l’orage, abrupt et visqueux Comment vais-je chanter, quelle musique vais-je entendre? Des oiseaux de légende viennent me donner concert. L’oiseau Siline me sourit joyeusement Son chant me réjouit l’âme, il m’appelle du haut de son nid L’étrange Alkanost empoisonne mon cœur. Mais voilà que sept cordes secrètes Se sont mises à vibrer à leur tour C’est l’oiseau Gamaïoun Qui apporte l’espoir. Dans le ciel bleu troué de clochers Une cloche de cuivre, une cloche de cuivre Se réjouit, ou peut-être se fâche. Les coupoles en Russie sont couvertes d’or fin Pour que le seigneur les remarque mieux. Je suis là en face d’une énigme éternelle Devant ce grand pays de légende, Sali et amer, doux et acide, Fait de ciel, de sources, de seigle. Pataugeant dans une boue grasse et rouillée Les chevaux s’enlisent jusqu’aux étriers Mais ils m’entraînent par le pays endormi Tout engourdi et gonflé de sommeil Sept riches lunes Semblent se lever sur mon chemin C’est l’oiseau Gamaïoun Qui m’apporte l’espoir. Si mon cœur battu par les malheurs Mon cœur usé par les tourments Ne résiste plus et saigne Je le rapiécerai avec de l’or Afin que le seigneur le remarque mieux.
© Michèle Kahn. Traduction, 1977