Dans un vague district
D’une province farouche, hostile
Un fier gars ne récoltait
Que ronces et épines.
Il amassa, amassa de la rancœur
A pleines poignées
Et le malheur qui l’éprouva
Fut on ne peut plus amer.
Bois le poison, noies-y ton chagrin
Va donc, c’est gratuit
«Petite corde, tu as beau te tordre
Tu deviendras toujours un knout».
Les malchanceux errent sur les routes,
Leur besace au dos
La vie coule entre les doigts
Comme une toile d’araignée.
Et ceux qui ont été entraînés, poussés
Sur la mauvaise route
Les vents les ont emportés
Tout droit vers la prison.
Là, ne compte pas sur la clémence
Il faut serrer les dents et subir
«Petite corde, tu as beau te tordre
Tu deviendras toujours un fouet».
Ah, pays maudit
En quelque sens que je te parcoure
Ce que je vois toujours, c’est l’échafaud
Et la corde gluante.
Et le diable. Satan en personne
Lèche les talons nus des pendus
Quelle tristesse, ma mère
De ne pouvoir vivre, de ne pouvoir s’en tirer.
Ne hurle pas, ne pleure pas. mais ris!
Aujourd’hui, on ne te pardonnera pas tes larmes
«Petite corde, tu as beau te tordre
On te raccourcira toujours».
La nuit, les pensées sont plus amères
Les charpentiers ne rechignent pas à la besogne
Tu ne pourras pas aller à matines
On pend bien trop tôt.
Mais ne regrette rien, ne regrette rien
Un sursis, pour quoi faire?
La corde qui t’attend
N’a pas le moindre nœud!
Couche-toi plutôt et réchauffe-toi
Dis-toi que tu ne rateras pas l’exécution
«Petite corde, tu as beau te tordre
On fera de toi un nœud coulant».
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