Il y a sur l’arbre un fruit encore vert:
On le secoue, et il tombe, voilà...
De qui n’a pas chanté parle mon vers,
De qui n’a pas su qu’il avait une voix.
Avec le destin fut-il en désaccord
Et la chance se faisait-elle la malle?
Mais la corde tendue sur les accords
Se plaquait toujours mal, vraiment mal.
Tout doux il prit d’abord le «do»,
Mais il le lâcha bien trop tôt...
Son accord s’est brisé déjà,
Sans laisser en quiconque une trace.
Le chien aboyait et le chat
Partait en chasse.
C’est drôle, très drôle, n’est-ce pas?
Ses blagues tournaient court, sans verve,
Le vin, à peine il y goûta,
Sans tremper jusqu’au bout ses lèvres.
Il ne faisait qu’entrer dans le débat,
Peu sûr de lui, sans hâte et sans transport,
Mais son âme s’égouttait déjà,
Comme la sueur, hors de ses pores.
Il venait juste de faire un pas ou deux
Sur le tapis, juste de quitter son coin,
Il découvrait à peine les règles du jeu,
L’arbitre ne comptait pas encore les points.
Il voulait tout savoir, le gars,
Mais 0 n’est pas allé jusqu’à...
Pas allé jusqu’au bout de l’énigme,
Pas su, non, creuser jusqu’au fond,
Ni, celle qui était l’unique,
L’aimer à fond.
C’est drôle, très drôle, n’est-ce pas?
D se pressait sans arriver,
Ce qu’il n’a pas pu mettre bas
Reste à jamais inachevé.
Je ne mens pas, tout ceci est vrai.
Il s’en tenait au style le plus pur
Et sur la neige lui écrivait...
Les neiges, hélas, jamais ne durent.
Mais la neige en ce temps tombait encore,
On était Ubre d’écrire sur elle;
Avec ses lèvres il attrapait alors
Les flocons, les grêlons tombant du ciel.
Mais dans sa calèche d’argent
Il ne l’a pas rejointe pourtant...
Ni au trot, ni même au galop,
Lui le coureur, lui l’évadé.
Et son signe astral, le Taureau,
Lapait la froide Voie lactée.
C’est drôle, très drôle, n’est-ce pas?
Quelques secondes manquent peut-être,
Quelques maillons ne sont pas là -
Le vol s’arrête, le vol s’arrête.
C’est drôle, n’est-ce pas? Et je rigole
A mon tour avec tous les autres.
Le cheval en plein galop, l’oiseau en plein vol...
A qui la faute? A qui la faute?
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