Je tiens beaucoup de ma mère,
Et papa m’implique.
Je suis dans l’âge de pierre,
Paléolithique.
Mais on me dit à la ronde
Pas méchant, doué,
Et donc dans l’âge de bronze
J’ai déjà un pied.
Notre tribu, ça arrive,
Critique les choses.
La société primitive,
Tout n’y est pas rose.
Criants défauts et travers
Qui pourraient fort bien
Nous ramener en arrière
De mille ans au moins!
Bien lavée, dans la clairière
Cogite l’élite:
Comment donc sortir de l’ère
Paléolithique?
Mais dans les buissons d’iris
Ils se sont battus -
Aucun accord qui se puisse
Trouver là-dessus.
Les chefs devant qui nos âmes
Toujours se prosternent
Ont chacun deux ou trois femmes,
Deux ou trois cavernes.
Tandis que leurs femmes restent
Enfermées à clé,
Ils font un tour au Far West
De bordels peuplé.
Entre les pères et fils
Les querelles fusent; J
e crois que des sacrifices
On use et abuse.
Chacun veille, se surveille
En faisant un pas,
Car qui trop baye aux corneilles
Tient lieu de repas.
Les malins ont pour carrosse
Les bossus sincères;
Ceux dont roule ainsi la bosse
Rêvent de salaire.
Et les bossus de bonheur
Galopent tout doux.
Riches, pauvres, c’est ailleurs,
Mais non pas chez nous.
Aux autres tribus dare-dare
On brade à mains pleines;
Nos guerriers sont pourris par
L’école moyenne.
Oui, l’instruction générale
N’a que des bienfaits.
Mais les mammouths se cavalent,
Crevant à jamais.
Les enfants, petits apaches
Habillés trop court,
Se bagarrent à la hache
La nuit et le jour.
Bientôt finira cette ère,
On s’amusera bien!
L’avenir est là derrière...
Comment on y vient?
Tout sera beau, facile,
Prédisent les prêtres.
Pour l’instant prenons la file
Pour les os, les pierres.
De la liberté ancienne
Il ne reste rien.
Par les cheveux on vous traîne,
Et c’est votre fin.
Ils jouaient les débonnaires...
Voici qu’on déporte,
Et de tapis est couvert
Le sol de leurs grottes.
A nous trois1 dans la clairière
Le cognac suffit.
Quel calme en l’âge de pierre
Où belle est la vie.
...Mais je prie avec ferveur:
Viens vite, Aélite2,
M’arracher à ce bonheur
Paléolithique!
Car on me dit à la ronde
Pas méchant, doué,
Et donc dans l’âge de bronze
J’ai déjà un pied.
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