Si ton copain se révèle soudain Ni ami ni ennemi, mais comme ça: demi demi... Si tu hésites ne sachant S’il est bon ou méchant, Prends-le donc sur les pentes - tente! Ne le laisse pas au seuil - tout seul! Prends-le là-haut dans ta cordée Pour t’en faire une vraie idée. Si tu le vois sur les rochers - flancher, Si au départ il a le trac - et craque, Dès son premier pas sur la glace - s’il casse, S’il pique en lâchant une prise - sa crise, C’est donc une planche pourrie - pardi. Ne lui reproche pas ses torts, - dehors! Des mecs pareils sur les sommets - jamais, Pas plus que dans nos chansons - ne vont. Mais s’il ne se plaint ni ne geint Même s’il est sombre et morose - mais ose, Et lorsque soudain tu décroches - des roches, Les mains en sang, s’il te retient - c’est bien, Et s’il te suit comme au combat - là-bas, Sur la cime s’il se redresse - ivresse! C’est que tu peux vraiment, ma foi, Compter sur lui comme sur toi.
© Léon Robel. Traduction, 1988