Des pas lourds dans la nuit ont retenti comme un tocsin, C’est donc qu’il nous faudra partir bientôt nous aussi sans un adieu. Sur des sentiers inexplorés sont passés les roussins, les roussins, Emportant leurs cavaliers vers on ne sait quel lieu. Nos temps sont funestes, mais le bonheur est à chercher m comme jadis! Et nous filons à sa poursuite, le pourchassons quand il s’évade. Seulement dans cette course nous perdons nos meilleurs amis, Au galop sans remarquer qu’à nos côtés il n’y a plus nos camarades. Longtemps encore nous prendrons pour des brasiers les lumières, Longtemps nous semblera sinistre le crissement des bottes, Il y aura des jeux aux noms anciens pour évoquer la guerre Et nous séparerons longtemps les gens en ennemis et en nôtres. Mais lorsque à jamais seront finis flammes, fracas, villes mortes, Lorsque nos chevaux seront las de galoper en nous portant, Lorsque nos jeunes femmes auront échangé contre des robes leurs capotes, Il ne faudra pas oublier alors, ni pardonner ni perdre le plus important...
© Léon Robel. Traduction, 1988