Ici les branches des sapins tremblent sans s’arrêter, Dans le chant des oiseaux l’inquiétude est sensible: Tu vis dans la forêt envoûtée D’où sortir est impossible. Les merisiers peuvent bien sécher, linge au vent, Se répandre en pluie les lilas. Je t’emmènerai d’ici pourtant Au palais où jouent des harpes de cristal. Ton monde, des magiciens pour des siècles L’ont caché de moi et de la terre entière, Et tu crois qu’il n’y a pas de plus beaux miracles Que cette magie forestière. Les feuilles peuvent bien s’éveiller sans diamants, La lune quereller un ciel gris d’hiver... Je t’emmènerai loin d’ici, pourtant, Dans un palais surplombant la mer. En quel jour de la semaine, à quelle heure Viendras-tu vers moi silencieuse, invisible, Et je t’emporterai dans mes bras voleurs Là où te retrouver sera impossible. Je t’enlèverai si le rapt te va: Aurais-je en vain dépensé ma vigueur? Consens au paradis dans un galetas, Si le palais n’est pas libre aujourd’hui, mon cœur.
© Léon Robel. Traduction, 1988