À Igor Kokhanovski
Mon ami part pour Magadan,
J’en reste sans voix, j’en reste sans voix!
Il part lui-même, volontairement,
Et pas sous convoi, et pas sous convoi.
Non pas qu’il eût mauvais destin,
Pas même pour enrager quelqu’un,
Ni pour l’ouï-dire: «Qu’il est bizarre!»
Mais juste pour voir, mais juste pour voir.
Certains diront: «mais il est fou!
Comment un homme sain plaque-il tout à dessein?
Là-bas y a des camps partout,
Pleins d’assassins, pleins d’assassins!»
Il répondra: «On exagère beaucoup:
Il n’y en a pas plus qu’à Moscou.»
Fera sa valise tranquillement,
Puis partira pour Magadan.
Je peux le faire malgré les ans!
D’un train qui file la nuit je voudrais bien sauter!
Mais je ne vais pas à Magadan
Sans mes a priori, fermant les apartés
Accompagné d’une guitare
Je chanterai ce qu’il va voir,
Ce que j’n’ai pas vu de mon temps,
À Magadan, à Magadan.
Mon ami part sans vraie raison
Il en a ras-le-bol, il en a ras-le-bol
Mais il ne va pas en prison
Il est bénévole, il est bénévole.
Dieu en décida autrement
Pour moi, quoiqu’à Magadan
Je pourrais suivre mon ami
Et me faire tout petit, me faire tout petit.
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