Alors que je portais le fardeau de ma peine
sur la glace fragile du printemps
la surface a cédé et mon âme a coulé
comme une pierre au fond des eaux.
Mais ma peine, quoique bien lourde,
a pu s’accrocher
aux bords acérés.
Et depuis lors elle me poursuit
à travers le vaste monde.
Et partout des bruits la suivent colportant de mauvaises rumeurs.
Pourtant les seuls témoins de ma survie
furent un saule et quelques étourneaux
perchés sur ses branches
dénudées.
L’un d’eux a dû vendre la mèche
à mon seigneur et maître.
Quelqu’un a forcément dû trop parler et me trahir.
Alors, fou de passion,
il s’est mis à ma poursuite
et à sa suite sont parties peine
et médisance.
Il m’a traquée, pourchassée
et enfin prise, emportée dans ses bras.
En selle derrière lui, ma peine arborait un sourire narquois.
Mais il n’a su rester avec moi
plus qu’une fugace journée,
tandis que ma peine, elle,
ne m’a plus jamais quittée.
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