Je n’aime pas les fins tristes et fatales La vie ne peut jamais me fatiguer Et sans chansons joyeuses qui m’emballent Je n’aime aucun jour du calendrier L’exaltation ne me dit pas grand-chose Pour moi, le froid cynisme n’est pas drôle Et puis, je n’aime surtout pas que l’on ose Lire mes messages de derrière mon épaule Je n’aime pas qu’on laisse tomber, ou pire, Qu’on vienne me déranger à tout propos De tout mon cœur je n’aime pas que l’on tire À bout portant ainsi que dans le dos Je hais le son du fer contre du verre Et les potins à titre d’hypothèses Le ver du doute et la gloire éphémère Je hais qu’on me hérisse et qu’on s’y plaise Je n’aime pas les gens trop sûrs d’eux-mêmes Il vaudrait mieux se perdre dans l’erreur L’idée d’honneur est ô combien lointaine! Maintenant la calomnie est à l’honneur Et je regarde avec peu d’indulgence Des ailes brisées, et ce n’est pas pour rien: Je hais la cruauté et l’impuissance Le Christ crucifié, lui, je le plains Lorsque la peur me gagne, je me blâme Je souffre quand on bat les innocents Je n’aime pas qu’on étudie mon âme D’autant plus si c’est pour cracher dedans Je n’aime pas loteries, jeux et arènes La soif du gain y amène des niais Qu’importe si de grands changements surviennent Jamais je n’aimerai tout cela, jamais!
© Marina Lushchenko. Traduction, 2014
© Matthieu Carmelah. Performance, 2021