Aujourd’hui à quoi m’attendre? De quoi vous chanter? L’air est lourd avant l’orage, lourd et sombre À qui faire confiance? Comment vivre et où me tourner? Les oiseaux fabuleux chantent, sans me répondre Le gai Sirine m’apporte la joie au cœur Aux excès insensés il m’appelle En face de lui, le triste Alkonost pleure Me déchire l’âme, m’angoisse, me flagelle Mais sept cordes, une à une, Soudain vibrent dans l’brouillard C’est le noble Gamaïoun L’oiseau bleu de l’espoir Dans le ciel pur, infini et sourd, percé d’clochers Sonnent à pleine volée mille cloches d’airain Seraient-elles toutes joyeuses ou bien en tourment? La Russie recouvre d’or fin ses coupoles sacrées Pour que Dieu pense à elle plus souvent... Je suis là, devant cette terre, grande et éternelle, Ce pays d’énigmes, imprévisible, unique Lui, amer, aigri et âpre, lui, doux comme le miel Indomptable et vertigineusement tragique S’enfonçant, jusqu’aux étriers, dans la boue À travers le vide les chevaux me traînent Et, la bride lâchée, ils avancent peu ou prou Vers un but que j’ignore moi-même Sur mon chemin sept nouvelles lunes Montent dans le ciel tout noir C’est le noble Gamaïoun L’oiseau bleu de l’espoir Si mon âme meurtrie flanche, un jour, sous les coups du sort Qui s’abattent sur elle encore et encore Si elle est usée, râpée jusqu’au sang J’vais la soigner en la rapiéçant avec de l’or Pour que Dieu pense à moi plus souvent...
© Marina Lushchenko. Traduction, 2024
© Matthieu Carmelah. Performance, 2024