Aujourd’hui à quoi m’attendre? De quoi vous chanter?
L’air est lourd avant l’orage, lourd et sombre
À qui faire confiance? Comment vivre et où me tourner?
Les oiseaux fabuleux chantent, sans me répondre
Le gai Sirine m’apporte la joie au cœur
Aux excès insensés il m’appelle
En face de lui, le triste Alkonost pleure
Me déchire l’âme, m’angoisse, me flagelle
Mais sept cordes, une à une,
Soudain vibrent dans l’brouillard
C’est le noble Gamaïoun
L’oiseau bleu de l’espoir
Dans le ciel pur, infini et sourd, percé d’clochers
Sonnent à pleine volée mille cloches d’airain
Seraient-elles toutes joyeuses ou bien en tourment?
La Russie recouvre d’or fin ses coupoles sacrées
Pour que Dieu pense à elle plus souvent...
Je suis là, devant cette terre, grande et éternelle,
Ce pays d’énigmes, imprévisible, unique
Lui, amer, aigri et âpre, lui, doux comme le miel
Indomptable et vertigineusement tragique
S’enfonçant, jusqu’aux étriers, dans la boue
À travers le vide les chevaux me traînent
Et, la bride lâchée, ils avancent peu ou prou
Vers un but que j’ignore moi-même
Sur mon chemin sept nouvelles lunes
Montent dans le ciel tout noir
C’est le noble Gamaïoun
L’oiseau bleu de l’espoir
Si mon âme meurtrie flanche, un jour, sous les coups du sort
Qui s’abattent sur elle encore et encore
Si elle est usée, râpée jusqu’au sang
J’vais la soigner en la rapiéçant avec de l’or
Pour que Dieu pense à moi plus souvent...
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