Le long du ravin, au-dessus du précipice, tout au bord Je fouette mes chevaux de ma nagaïka, je les éperonne L’air me manque - je bois le vent, j’avale la brume, Je sens un funeste enthousiasme: je meurs! Je meurs! Un peu plus lentement, chevaux, un peu plus lentement! N’écoutez pas le fouet tendu! Mais les chevaux se sont montrés difficiles, - Et je n’ai pas eu le temps de vivre assez, je n’aurai pas le temps de finir de chanter. J’abreuverai les chevaux, Je finirai de chanter le couplet - Même si je resterai Encore un peu au bord! Je disparaîtrai, un ouragan de duvet me balayera de la main, Et on m’emmènera au galop dans le traîneau sur la neige au matin. Vous passerez d’un pas peu hâtif, mes chevaux! Faites durer rien qu’un peu la route vers le dernier refuge! Un peu plus lentement, chevaux, un peu plus lentement! N’écoutez pas le fouet tendu! Mais les chevaux se sont montrés difficiles, - Et je n’ai pas eu le temps de vivre assez, je n’aurai pas le temps de finir de chanter. J’abreuverai les chevaux, Je finirai de chanter le couplet - Même si je resterai Encore un peu au bord! Nous avons réussi - on ne peut s’inviter en retard vers Dieu; D’où les anges chantent-ils avec de si mauvaises voix? Ou est-ce la clochette qui a sangloté à tue-tête? Ou bien moi qui crie aux chevaux pourqu’ils ne tirent pas le traîneau si vite? Un peu plus lentement, chevaux, un peu plus lentement! N’écoutez pas le fouet tendu! Mais les chevaux se sont montrés difficiles... Si je n’ai pas réussi à vivre assez longtemps, je finirai quand même de chanter! J’abreuverai les chevaux, Je finirai de chanter le couplet - Même si je resterai Encore un peu au bord!
© Elisabeth ?. Traduction, 2010