Sur un ossuaire on ne met pas de croix, Les veuves n’y vont pas en larmes, Quelqu’un y dépose des fleurs quelquefois. Et l'on y ranime la flamme. La terre qu’ici vous sentiez se cabrer Est lourde aujourd’hui de granit, Ici les destins de chacun ont sombré Et sont en un seul réunis. On voit, dans la flamme éternelle, exploser Un tank, et de noires izbas, Smolensk embrasé, le Reichstag embrasé, Le cœur embrasé du soldat. Nul pleur de veuve à l’ossuaire, on n’y voit Venir que des gens inflexibles. Sur un ossuaire on ne met pas de croix, Mais l’air en est-il moins pénible?
© Jean Besson. Traduction, ?