Je détale et mes muscles en craquent, Tout se passe aujourd’hui comme hier, Ils me traquent encore, ils me traquent, Rabattant vers l’affût, gais et fiers! Les chasseurs sont tapis sous la hutte Des sapins, les fusils crachent, criblent Les loups qui, dans la neige, culbutent, Transformés en de vivantes cibles. Voyez la chasse aux loups, voyez rouler la chasse Aux fauves à poil gris, louvards et louveteaux, Les cris des rabatteurs, les chiens hurlant qui passent; Sur la neige du sang et de rouges drapeaux. Ils ne jouent pas à égalité Les chasseurs - leur main ne tremble pas - Bornant de drapeaux la liberté, Ils tirent à coup sûr dans le tas. Traditions, chaque loup vous révère, Dès qu’il tête, aveugle louveteau, Il suce avec le lait de sa mère L’interdit de franchir les drapeaux! Voyez la chasse aux loups, voyez rouler la chasse Aux fauves à poil gris, louvards et louveteaux, Les cris des rabatteurs, les chiens hurlant qui passent; Sur la neige du sang et de rouges drapeaux. Vives sont nos pattes, nos mâchoires, Pourquoi donc - dis-le, notre chef, dis - Nous fonçons, traqués, vers leurs pétoires, Sans oser transgresser l’interdit?! Les loups ne peuvent rien d’autre faire. Par la mort, je vais être saisi: Celui auquel le sort me défère Sourit, puis il épaule un fusil. Voyez la chasse aux loups, voyez rouler la chasse Aux fauves à poil gris, louvards et louveteaux. Les cris des rabatteurs, les chiens hurlant qui passent; Sur la neige du sang et de rouges drapeaux. Je dis non, je franchis la barrière Des drapeaux - la vie je l'aime tant! Et j’entends, avec joie, en arrière, Les clameurs stupéfaites des gens. Je détale et mes muscles en craquent, Mais ce jour, rien n’est plus comme hier, Ils me traquent encore, ils me traquent, Mais ils rentrent bredouille et pas fiers! Voyez la chasse aux loups, voyez rouler la chasse Aux fauves à poil gris, louvards et louveteaux, Les cris des rabatteurs, les chiens hurlant qui passent; Sur la neige du sang et de rouges drapeaux.
© Jean Besson. Traduction, ?