Un stratège au cou court
Doit exister de temps en temps,
Sa poitrine touche son menton
Et sa nuque frôle son dos.
Sur un cou court, imperceptible
La tête tient plus commodément,
C’est plus dur de l’étrangler
Ou même au lasso de l’attraper.
Mais ils tendent bien le cou,
Dressés sur la pointe des pieds:
Pour voir mieux et plus loin
Il faut regarder par-delà les têtes.
Tu es un cheval ombrageux,
Même si tu voyais la lumière au loin,
Ta pose est incertaine et fragile
Et ton cou est bon pour la corde.
La première petite vipère venue
Compte déjà les vertèbres de ton cou.
On voit plus loin mais c’est imprudent
De vivre le cou découvert parmi les gens.
Mais ils tendent bien le cou,
Dressés sur la pointe des pieds;
Pour voir mieux et plus loin
Il faut regarder par-delà les têtes.
Tu te cabres et tu lances un défi,
Tu t’offres ainsi au couteau du boucher,
Un authentique stratège en verité
Martèle la terre de plein pied.
L’Asie est le pays des embuscades
Le demi-dieu ne peut pas admettre
Que des malins le prennent à revers
Et le renversent du premier coup.
Mais ils tendent bien le cou,
Dressés sur la pointe des pieds;
Pour voir mieux et plus loin
Il faut regarder par-delà les têtes.
Les nerfs se relâchent, comme une bride
Qui ne retient ni ne garde plus rien;
Un sécateur se glisse sous tes jambes
Et une paume ouverte traíne sur ton cou.
On peut rentrer avec mélancolie
Sa tête dans ses épaules sans risque,
Mais c’est vraiment très laid
De marcher la tête rétractée.
Mais ils tendent bien le cou,
Dressés sur la pointe des pieds;
Pour voir mieux et plus loin
Il faut regarder par-delà les têtes.
Un vieux sage m’a raconté
Cette vieille parabole orientale
Et j’ai murmuré en mesurant mon cou:
"Même les contes ici sont cruels."
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