J’ai crié: "Les gars, vous déménagez!
Le prestige des échecs s’est effondré!"
Notre section des sports m’a rétorqué:
"Parfait, à toi de t’en occuper!"
Attention, Fischer est déchaíné,
Il dort avec son échiquier,
Il est fort, il a un jeu net et sans déchet!
Je ne suis pas un débutant!
J’ai ma botte secrète du cavalier.
Ah! mes muscles d’acier
Et mes doigts tenaces!
Eh là, mes tours de bois
Peintes et ciselées!
Mon pote le footballeur m’a dit: "Ne t’énerve pas,
Il n’a pas rencontré d’adversaires comme toi,
Laisse tomber la défense et le centre,
Tu fonces et tu débordes sur les ailes."
J’ai bøché la course, le cent mètres,
Perdu du poids au sauna, bien roupillé,
Crapahut´ comme un joueur de hockey...
Avec un entraínement pareil je le mate!
Et je te l’écrase sans grossièretés!
Oh vous, mes fortes paumes,
Muscles puissants de mon dos,
Oh vous, mes chers cavaliers,
Et vous, mes fous adorés!
"Prends ton temps, reste bien droit,
M’explique mon pote le champion de boxe,
Pas de combat rapproché, travaille au corps
Rappelle-toi, ton atout c’est le coup droit!"
L’enjeu c’est la couronne d’échecs;
Il n’évitera pas la défaite!
Avec Tal1 j’ai joué dix parties
De billard, de cartes, et de dés!
Et Tal a dit: "Ce type, c’est du solide!"
Mes muscles font des arrondis,
Mes deltoïdes font des saillies!
De la foutaise ces petites figurines,
Ces cavaliers et ces fous aussi!
Au buffet, réservé pour moi,
Le cuistot me calme: "Du sang froid!
Avec ton appétit d’ogre, d’un coup
Tu vas lui bouffer tous ses fous!"
Assieds-toi avant ce long chemin,
Remplis de conserves ton sac à dos
Et prends un gâteau de Pâques pour deux.
Ce Schifer, ce gros malin,
Joue aussi de la mâchoire, c’est certain.
Nous sommes de sacrés gaillards,
Nous rapporterons la couronne;
Je vais dormir comme un pion
Et me réveillerai comme une reine.
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