des dix jours qui ébranlèrent le monde
Aller au magasin ou bien à la «Kama»1 C’est plus simple et c’est plus rapide, Mais le spectateur entêté se rue à la Taganka Sous la haie des baïonnettes et des patrouilles. Il a traversé la foule entassée dans le métro, Il souhaite enfin trouver le repos de son âme, Mais à peine arrive-t-il devant l’entrée, Ma voix ferme résonne à ses oreilles. Au foyer règne une grande agitation: Couplets et chansons - et notre spectateur Flanqué de deux agents de l’administration Se retrouve au dernier rang du balcon. On nous accable de reproches injustes, On nous accuse de tout mettre à la renverse, Notre tableau, la prison et ses barreaux Rend à la Taganka l’hommage promis. Spectacle accepté, spectateur transpercé Par la pantomime et les roulements d’une salve, Plus la moindre défense désormais et pas De laissez-passer, cela va de soi... Peut-être en cette minute même, Vakhtangov, Brecht et Meyerhold, Boivent en leur banquet du nectar A notre succès, à notre longue marche. Et malgré notre bien maigre salaire Nous saurons nous montrer à la hauteur Et si l’ambroisie dépasse nos moyens, Nous saurons nous gaver de nectar.
1 Restaurant proche du théâtre. (NDT)
 
© Jean-Jacques Marie. Traduction, 1989