Sur nos pas se traînent défaites et crépuscules, Ah! connaître un envol, même invisible et falot! Je veux croire une fois encore que nos cabans noirs Me permettront en ce jour de voir le soleil levant. Ils ont clamé aux hommes rassemblés. Mourez en héros! Nous essaierons et nous verrons la tournure du futur Je grille les sèches de mon voisin et je pense «Chacun son destin, j’attends de voir le soleil levant!» Bataillon spécial et très spécial honneur pour le sapeur Que le poignard ne plonge pas des feuillages sur mon dos! Ne vous défoncez pas inutilement, même la gorge tranchée, Je contemplerai jusqu’au complet dénouement le soleil levant. Sur leurs arrières nous avons marché sans égorger leur sommeil! De nos dents nous avons tranché leurs barbelés, et, dans l’herbe, Encore niais, encore vert, frémissait un tournesol, Sa haute crête dressée dans l’élan du soleil levant. Sur nos pas, à nos trousses, se trament à 6 heures 30. Les défaites et les crépuscules, l’envol et le soleil levant. Entre mes dents grinçantes, je nettoie deux fils nus; Je n’entrevois pas encore le soleil enfin prêt à se lever. Le bataillon décimé rebrousse chemin et s’en revient. Qu’importe le détail et les péripéties, leur fortin est en ruines. Et je garde en moi la foi que notre boulot de salauds Vous donnera le droit sans frein de contempler le soleil levant.
© Jean-Jacques Marie. Traduction, 1989