Un rêve idiot, impitoyable M’a frappé comme un casse-tête. J’y faisais figure pitoyable Et pas très nette. En rêve je mentais, je trahissais Je flattais à tue-tête Jamais je n’aurais soupçonné Un tel goût des courbettes. Je serrais toujours le poing, Et je frappais de plein élan, Mais du plat charnu de la main, Et pas du tranchant. La vision un instant s’assombrit, Et reprit le dessus, Mes paupières se fermèrent puis Le songe réapparut. Docile et résigné, je trottinais Sur le pavé régulier, Pas une fois je ne changeai de pas, Je lambinais de peur. Je courbais le dos devant le fort, Et l’échine devant le méchant, Je m’étais à moi-même abject Enfoui dans mon sommeil. Quel délire! Je m’entendis gémir A travers mon songe Mais c’est à moi, à moi seul Qu’il apparut en rêve. Je revins à moi, j’interrogeai Un fragment de gémissement, Puis j’écartai, soulagé, Mes paupières pesantes. Le songe s’accrocha au plafond Sans un mouvement. Est-il prophétique? La question reste en suspens. Je me lavai les mains, un frisson Me glaça le dos. Où était la vérité dans ce songe Et le mensonge? S’il n’est qu’hallucination La veine me sourit Mais si la nuit de ma vision Annonce mon avenir? Si le rêve reflète les pensées quotidiennes? Idée odieuse! Chaque souvenir me révulse de la tête au pied! Et si l’on me pousse au bûcher? Mes jambes refusent... J’aurai honte comme dans ce rêve Où la peur m’a pris.         On me dira: chante à l’unisson! Vas-y de bon cœur! Et je comprendrai que mon rêve Est prêt de se réaliser
© Jean-Jacques Marie. Traduction, 1989