Rue de l’Arbat, je vivais bien sage Avec ma mère et mon papa. Maintenant, je suis dans des bandages Au lazaret sur le grabat. À quoi bon la gloire, les gens dehors, Tout comme l’infirmière Klava! Mon voisin de droite est mort, Celui de gauche toujours pas. Et dans son délire une fois, Mon voisin de gauche me dit: «Écoute-moi donc un peu, mon gars, Tu n’as plus de jambe. Elle est partie». «Quoi? Les gars, mais ce n’est pas vrai! Il plaisantait, pas d’erreur. «On coupera juste les doigts de pied», Qu’il avait dit, le docteur. Mon voisin de gauche, il riait. Il ne faisait que des plaisanteries. Mais c’est de ma jambe qu’il causait Quand il délirait la nuit. Il se moquait: «Tu ne te lèveras pas, Ta femme, tu ne la verras plus! Essaye de regarder sous le drap Comment que tu es devenu» Je descendrais de mon lit Si je n’étais pas estropié, Je lui ferais passer l’envie De rire au voisin d’à côté! Mon infirmière je l’ai suppliée De me montrer comment j’étais. Si mon voisin de droite vivait, La vérité, il me la dirait.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003