T’ai grandi pendant le siège de Léningrad, Te ne buvais pas, je riais encore moins Te regardais brûler les docks Badaiev dans la rade, Je faisais la queue pour un morceau de pain. Courageux citoyens! Mais que fabriquiez-vous alors, Alors qu’ici, la ville ne comptait plus ses morts? On mangeait du pain de platras. Moi, je prenais pour du tabac Les mégots mêlés à Dieu sait quoi sur les quais, près du port. De froid, les oiseaux, ne s’envolaient plus. Les voleurs n’avaient plus rien à se faire. L’hiver, pour prendre mes parents, des anges sont venus. Et moi, j’avais peur de tomber à terre. Que d’affamés, folie, de gens souffrant de dystrophie, Tout le monde mourait de faim, même le procureur. Vous, ceux de l’évacuation, yous lisiez les informations, Ecoutiez à la radio «l’agence centrale d’info». Le blocus a duré, a duré trop. Finalement le peuple a chassé ses ennemis. Sous l’aile du Christ, tranquillement, on aurait pu vivre tous en repos, Mais la police ne nous l’a pas permis. Je vous le dirai sans fard, vous qui portez des brassards! N’essaie pas de sonder le fond de mon cœur! Ta vie privée, la véridique, Et celle pas très patriotique, Les R.G. et les autres les connaissent déjà par coeur.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003