Le ciel, ce jour-là, Était clair, Maintenant, on y a Le fracas du fer. Sur notre terre en armes, Un bruit sourd, Dans leur résine, les arbres Ont le cœur lourd. Fumée et cendres forment Comme des croix. Plus de nids de cigognes Sur les toits. Épis lourds, couleur d’ambre, A-t-on le temps? Non, on a semé, il semble Pour du vent. Le ciel rouge et or, est-ce, dis, Ln mirage? C’est, au loin, l’incendie Qui fait rage. Tous se sont enfuis par monts Et par vaux. Plus d’oiseaux, plus de chansons, Que des corbeaux. Les arbres couverts de poussière: L’automne déjà. Ceux qui chantaient naguère Restent cois. L’amour, pour nous à présent, Balivernes! Ce qu’il nous faut plus sûrement, C’est la haine. Fumée et cendres forment Comme des croix. Plus de nids de cigognes Sur les toits. La forêt pleine de vie, Bruissements, L’eau, la terre aussi, Gémissements. Et les miracles se font Nécessaires Le bois gémit sa chanson D’avant-guerre. Du malheur, c’est l’exode Vers l’orient. Plus d’oiseaux, plus de cigognes Sur nos champs. L’air retient les bruits Pareillement, Saturé de cliquetis, De grondements. Le bruit sec des sabots, C’est un broubaba, Même si tu cries tes mots, On ne t’entend pas. Tous ont fui le désastre Par milliers, Les cigognes ne viendront plus Cette année.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003