Come un tocsin, les pas Retentisent lourdement Au fin fond de la nuit. De sera bientôt notre tour De partir et de prendre Congé Les chevaux, les chevaux Piétinent des sentiers Inédits, Ignorant vers quelle destinée Ils portent leurs cavaliers. Notre temps est violent Mais on cherche le bonheur Comme par le passé! Et dans notre poursuite On fonce sur lui, qui fuit Devant. Nous perdons nos meilleurs Camarades dans cette Traversée. Au galop, nous ne remarquons pas Que les amis sont absents. Pendant longtemps encore Nous prendrons bivouacs Pour des incendies. Pcndant longtemps encore Sinister nous paraîtra le bruit Des bottes. Nos fils cjntinueront à jouer À la quere comme jadis, Pardi. Et longtemps, on classera les gens En ennemis ou en nôtres. Quand enfin cesseront Le bruit, les incendies, Les larmes versées, Quand, sous nous, nos chevaux Seront créves De galoper, Et quand nos demoiselles Troqueront leurs vareuses Pour des chemisiers, Il ne faudrait pas oublier, Ne rien lâcher, Rien pardonner.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003