à Marina
Dans l’isba, se mettre à chanter Dans le gel des choses, Ou se prendre à décéder De tuberculose. Une chanson sans parole, Air de guitare en prime, Ou le traîneau à vitesse folle Foncer vers l’abîme! Le malheur, la douleur, Les cartes sans atout coeur, Être voleur de bonheur, Succomber aux passions de l’heure... Nulle part, toute une vie, Éternel désir ardent. Soit, du ciel, la pluie Ou le dégel du printemps. Un chant aux paroles absentes Et même sans idée. ]e construis un poêle en faïence Ou bien je vais semer... Que d’années sans gaieté, Des feux rouges à l’horizon, Un couplet inachevé Bouquet fané... déraison. Contre tout, de rage blême, Dans les pognes une étoile. Sans réclame, sans emblème, Tout lourdaud dans des bottes de toile. Queiqu’un pourraif me rattraper Et flairer mon parfum... Se reposer un peu, se reposer, Une étoile dans la main. Loin de toi, et sans toi, Ah, je n’ai plus rien à moi Qu’une demeure sans joie. Et même le passé, il est à toi.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003