Que tu ailles en train ou en automobile Ou même à pied, avec du remontant, À notre époque ce n’est pas très facile, Vu Ie trafic, du survivre très longtemps. Un accident sur le périphérique, Trois jeunes gens qui enterra,en, l’aïeul, Chauffeur compris, se retrouvent en clinique, Sauf un, celui qui était dans le cercueil. Dans les aigus, la voix du diacre forçait, Les pleureuses se lamentaient, se frottant l’œil, Les cuivres sonnaient faux. Tout le monde mentait, Tout le monde, sauf celui qui était dans le cercueil. Ancien directeur et bandit en secret, Prompt à baiser le front et à cracher, dégoûté. Ils se sont penchés sur lui, mais le timide allongé a N’a plus embrassé personne désormais. Mais l’orage tonne, tu auras beau faire, tu vois, Les forses naturelles se moquent bien des discours. Tout le monde s’enfuit sous les dalles, sous les toits, Seul le défunt n’a pas déguerpi à son tour. Qu’est-ce que la pluie pour lui? Il ne peut pas ficher le camp. Les vivants sont moins endurcis, voilà tout. Mais les défunts, anciens individus ex-vivants, Sont des gens audacieux, bien plus que nous. Tu auras beau te presser, tu seras précédé D’un label gluant comme une marque sur le front. Ah, mais, par contre, tu ne seras plus menacé Quand, dans le cercueil de chêne, tu seras pour de bon. Dans une fosse commune ou un caveau personnel, Les morts n’ont pas de problème de logement. Bravo! Ce cadavre, cerre dépouillé mortelle, N’exigera plus de démarches superflues maintenant. Au Royaume des ombres dans cette société sévère, Il n’y a ni danger, ni sombres desseins. Mais nous, sous ia protection de Dieu, nous vivons sur terre Et ceux, qui sont dans ia tombe, ils n’ont rien.         Les critiques fusent «II encense les morts!» «Non, moi, je refuse cette destinée atroce. On nous broiera, je ne sais pas quand encore, Tous, sauf ceux qui sont déjà dansla fosse»,
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003