Les animaux galopent dans les forets, Non pour gîte et le couvert, non par peur En bandes joyeuses, jour et nuit, sans arrêt, Ils recherchent les chasseurs. Ils en oublient leur terreur ancestrale Et s’imagient que tout leur est possible. Face au danger, ils s’arrachent les poils, S’écroulent à la renverse, feu sur la cible! Combien sont-ils au profond des forêts? Hurlant à pleines dents, toujours rugissant, Combien bondissant et combien déjà gisant Dans les maquis, les taillis, les fourrés? Tous les poissons nagent à contre-courant. On peut à peine enfoncer l’aviron. Combien veulent aller directement Dans le plat ou dans le poêlon! Le poisson a le sang froid, ce n’est pas de la viande. La nasse, l’hameçon, le filet lui sourient, Il veut aller se réchauffer sur la cendre, C’est quue la mer lui sort par les ouïes. Combien sont-ils au profond des marées, Qui nagent tous en rang, en masse pullulant, Canibales souvent, méchants, mal portants, Dans les maquis, les taillis, les fourrés? Les oiseaux voent à tire d’aile vers le plomb. Ils sont devenus débrouillards en somme Et les oies sauvages jeûnent, dirait-on, Pour se faire farcir aux pommes. L’aigle lii-même, quand il est à la chasse, Crie à sa proire sans défense: «Attention!» Il se suicide au zénith, le rapace, Par simble chute, sans attendre le plomb. Combien sont-ils au profond des forêts, D’oiseaux consentants, tués à bout portant, Plongeant et pianant, virant à tous les vents, Dans les maquis, les taillis, les fourrés? Le bête à, fourrure ne porte pas de manteau, Elle saute dans le piège ou le vivarium. Pour peu, elle bondirait hors de sa peau, Pour mieux réchauffer les hommes. On n’y pense pas assez. Les bêtes prises, Par leurs fourrures, nous donnent volontairement Des milliers de centaines de devises, Des milliers de milliers de notre argent. Combien sont-ils au profond des forêts A verser leur sang, offrant gracieusement Leur cuir résistant, vivant et luisant Dans les maquis, les taillis, les fourrés? Hurlant à pleines dents, toujours rugissant, Combien de ruminants se reproduisant, Combien de serpents, de reptiles gluants, D’oiseaux noirs et blancs ou au plumage éclatant? Comb’en de tire-au-flanc et d’autres sémillants Qui savent flairer le vent, changer leur veste à temps? Combien de veaux bêlant, de molosses aboyant Combien de rampant se vendant à l’encan? Combien d’abstinent au profond des forêts, Marcescents, manants, mendiants et mentant Dans les maquis, les taillis, les fourrés? On pourra manger le poisson tout cru, Les fourrures sont nettes. Pas de plomb dans le gibier. On ne se cassera pas les dents dessus. C’est bien. Pas besoin de tirer. Tous les chasseurs ont un blanc tablier Et une pancarte «Non-Violent». C’est normal. Dans cete réserve, une seule réserve ne pas tuer! C’est ce qu’on appelle un parc national. Conbien sont-ils au profond des forêts, De matons matonnant et de surveillants, De bergers allemands s’autocensurant, Qui ratent le but en tirant, des presque mourants, Polluant, des beuglant du ban et de l’arrière-ban, Qui gardent même au repos leur air lénifiant. Tant, à l’heure du bilan, de prétendus savants, Minables, ratant leur but, malfaisants. Tant d’autres de peur s’automutilant Et ceux-là surpris de devenir tyrans. De langues de serpents ou de poisons violents, Que d’araignées attendant, suceuses de sang. Ils sont tous la, frêles ou ventripotents, Dans les maquis, les taillis, les fourrés.
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003