C’est de ma faute. Je me désespère, Je pleure beaucoup. Je suis tombé dans une ormere, Au fond du trou. Je croissisais seul vant Cc que je voulais faire, Mais je n’arrive pas dorénavant À fuir l’ornière. Comme elle en a des bords glissants, Cette ornière où je suis maintenant. Je maudis ceux qui l’ont creusée, Bientôt ma patience va éclater. J’énumère comme le cancre vulgaire Ma, ta sa, notre, votre, leur ornière. Pourquoi alors, ça ne me convient pas? Quel fanfaron! Car pour les conditions, ma foi, Somme toute, c’est bon. Personne ne tiraille, pas de coups bas, Nul ne gémit. Tu veux avancer? Vas-y, mon gars, Je vous en prie! Past de refus du gîte, ni du couvert, Dans cete confortable ornière. Ça me paraît être une raison suffisante. Il n’y a pas que moi qui m’en contente. Roue dans roue, on ne dévie pas d’un pouce! Et j’irai là où les gens me poussent. Mais en, voilà un qui crie: «Je veux passer!» Et qui comence, par idiotie, À critiquer. Voilà ses soupapes et la culasse Qui disent amen, En discutant, il épuise sa Chaleur humaine. Il a usé les bords de l’ornière Et elle s’est élargie, c est clair. Mais sa trace à lui disparaît soudain. Des gars l’ont poussé dans le ravin Pour qu’il n’empêche pas, nous autres derrière, D’avancer dans l’étrange ornière. C’est moi maintenant qui suis en panne Plus d’allumage. J avance par à-coups, tu parles D’un voyage! Il faudrait sortir, tout soulever, Pas d’énergie. Sans doute quelqu’un va s’approcher Mc sortir d’ici... Pas in coup de main. J’ai attendu Au fond de l’ornière inconnue. Ah, j’ai craché argile et rouille tant et plus, Au fond de cette ornière inconnue. Et comme je suis tout seul à la creuser, Chez les autres, l’espérance, je l’ai tuée. Je suis trempé de sueur et j’ai Dû prendre froid Mais j’ai avancé assez Sur des bouts de bois. Au printemps, les rus envahirent La chairière. Il y a peut-être moyen de sortir De l’ornière! Ça y est! Mes pneus crachent la boue Au fond de l’ornière, au fond du trou. Eh. vous qui suivez, faites comme moi! Mon ornière a moi, ce n est pas pour les autres! Je veux dire «Ne me suivez pas!» Vous n’avez qu’à vous faire la vôtre!
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003