On ne croit pas seulement aux dieux, dur comme fer! Extraire le pétrole ne se fera pas sans mal. Car se libérer des fers de la terre, C’est le but des révolutions non sociales. Comme dans du beurre, le trépan plonge dans le marais. Le prince des ténèbres, on le fera abdiquer! Nous ferons une saignée à la terre, oui, mais, Ce sera, de fait, pour la soulager. Dans le cri des sirènes, sous les treuils sifflants, Pas mûrs pour les bravos, on attend derrière. Mais l’heure approche, des grands changements Et des situations révolutionnaires. Dans cette lutte, on n’a pas d’ennemi de classe. Seuls, sous terre, s’entendent les courants pétroliers. Mais les strates résistent, les strates tenaces. Toujours ces persistances des vieilles mentalités. Comme des bambous, les derricks prospèrent. Soudain, on a su cette simple vérité On n’a pas de pétrole, mais Ie sel de la Terre. Et, à belles dents, le sel, on l’a mangé. Le pouls de la Terre augmente. Son sol, on le blesse. Ses forses s’amenuisent, douleur indicible. Le pétrole, de sa matrice, lance un S.O.S., Laissant échapper sa soif d’être libre. Soignant cette douleur, nous, on observait Dans l’éclat du cuivre et le parfum des fleurs Ce n’est pas du sel de cuisine, c’est vrai, C’est des larmes d’hommes et c’est de la sueur. Les trépans s’enfoncent, diamants dans l’abysse Et le pétrole lance en geysers les idées, Devient l’énergie des masses productrices, Ceci au cens propre comme au sens figuré. Joie de la victoire, n’éteins pas le flambeau. Concasseur à sabots, laisse le rythme aller On détourne dans l’Ob le pétrole de trop Tant que l’oléoduc n’est pas installé. Que faire quand ça coule hors de l’orifice Plus fort que les sources où boivent les ovins, Quelle révolution sans un sacrifice Qui plus est, sans un sacrifice d’humains? Ils peuvent dire que je juge légèrement Mais cette idée fut pour moi stupéfaction La théorie du «Grand Bond en Avant» À Tioumen a reçu sa démonstration. Que mes vers ne soient qu’au tiers avérés, Que je sois un peu faible dans la démonstration, Q’uimporte, le pétrole est libre, je dois chanter Ici, à Tioumen, cette nouvelle révolution!
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003