Il est des arbres aux fruits immatures, Un chos sur le tronc les fait choir. Il avait de la voix je vous assure, Mais il ne pouvait le savoir. En mésentente avec le sort, Soit que son étoile lui fît défaut, Mais les cordes, pourtant tendues à mort, De sa guitare, portaient à faux. Il commença d’un «do» pas très ferme, Sans tenir la note jusqu’à son terme, Son accord promis à l’oubli, Et dont personne ne s’inspirera, Le chat, lui, chasse les souris, Et le chien aboie. Amusant, n’est-ce pas que c’est amusant! Ses facéties tombaient à plat Il aurait voulu goûter au vin, pourtant, Ses lèvres à la coupe n’allèrent pas. Il remit à peine les choses en cause, Lentement, hésitant sur les mots, Telles des gouttes de sueur sur le corps, L’âme lui perlait à fleur de peau. Quand vint l’heure du duel à la barre, Il n’eut pas le temps d’intervenir, Aux règles du jeu, il jeta juste un regard, Son compte, le juge devait l’ouvrir. Et dans sa quête de la vérité, À mi-chemin, il fut stoppé, À mi-espoir, à mi-parcours, C’est à peine s’il aura creusé. Et il aima d’un seul amour Inachevé, inachevé. Amusant, n’est-ce pas que c’est amusant! Il se dépêchait, mais en vain Car il aufa laissé en plan Tout ce qu’il n’a pu mener à bien. Je ne mens pas d’un iota, il était, Du style serviteur fidèle, Pour elle, sur la neige, il rimait, Mais la neige fond quand vient le dégel. À cette époque, il neigeait dru, Et l’on avait licence décrire. Pour gober les flocons des nues Il se décida à courir. Ves elle, dans son carrosse d’argent, Il se hâtait sans perdre de temps, Sans la prendre, fuyard au galop, Sans la toucher, sans l’effleurer. Son signe zodiacal, le Taureau, Lapit la froide Voie Lactée. Amusant, n’est-ce pas que c’est amusant! Quand une seconde manque à tout sol- -de ou qu’à la fin manque un segment. Fini le vol, fini le vol. Amusant, vous ne trouvez pas, c’est drôle! Amusant pour moi comme pour les autres... Le cheval au trot, l’oiseau en vol, À qui la faute? À qui la faute?..
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003