Que me sera-t-il donné, à présent, de voir, de respirer? L’air est lourd avant l’orage, lourd et pesant. Que me sera-t-il donné, désormais, de chanter, d’écouter? Ac l’oiseau de paradis de mes contes d’enfant. L’oiseau Sirine, allègrement me sourit, Il m’amuse, de son nid m’accoste, À l’inverse, il me rend morose, m’assombrit, M’empoisonne le cœur l’oiseau Alkonost. Comme sept cordes qui, à leur tour, S’égrènent dans le silence, Le chant de l’oiseau Gamayoune Me rendra l’espérance! Dans le ciel bleu-nuit, piqueté, clouté de clochers, Une clochette de cuivre tintinnabulait, Tantôt joyeusement, tantôt tristement. En Russie, les coupoles sont d’or fin réhaussées Afin que Dieu les remarque plus souvent. Je suis là, debout face à l’éternel mystère De ce pays immense, pays de contes de fées, Ce pays de sel, aigre-doux, âcre et amer, Ce pays de seigle, de sources, pays azuré. Dans la boue ocre et grasse, pataugeant, Les Chevaux s’enfoncent jusqu’aux étriers, Ils me induisent dans un pays au bois dormant Tout suri, de sommeil tout gonflé. Comme sept lunes qui, à leur tour, Se lèvent sur mon chemin d’errance, Le chant de l’oiseau Gamayoune, Me rendra l’espérance! Mon âme affaiblie par les tourmentes et les tourments, Mon âme érodée par les revirements, Si elle est usée, amincie jusqu’au sang, D’or je la ravauderai par fragments, Afin que Dieu la remarclue plus souvent!
© Michel & Robert Bedin. Traduction, 2003